Bien que mon chien ne m’accompagne pas quand je participe à un trail, j’avais envie de revenir sur celui-ci : La trace des Maquisards de l’Ain.
Et même si mon chien ne participe pas, sans lui Je n’en serai pas là, à prendre le départ d’un 42km.
De base, je voulais simplement partager quelques photos sur les réseaux sociaux et puis je me suis un peu emballée au niveau du texte suite notamment à une question de ma tante. En plus de parler « récit de course » j’ai voulu entrer plus en profondeur dans l’histoire et pourquoi cet évènement s’est imposé à moi de manière naturelle.
Avant …
Le week-end dernier une de mes tantes m’a demandé « Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’a décidé à faire ce 42 km de la trace des Maquisards ? Est-ce l’histoire ou simplement le fait que ce soit un trail ? » Sans trop rentrer dans les détails j’ai répondu « les deux ».
Je pense que la plupart des gens de notre région ont perdu une ou des personnes qui leur étaient proches durant la seconde guerre mondiale.
Ce passé de guerre (au sens plus large que les maquisards de l’Ain) fait partie de notre pays mais aussi de mon village et même de ma famille.
Je suis née ici dans l’Ain, j’ai grandi à Dortan d’abord aux HLM puis à la cité martyre (cité provisoire construite pour reloger les habitants du village qui a été entièrement brulé par les Allemands à l’exception du château).
Mon arrière grand-mère (la maman de la maman de ma maman ?) que j’ai eu la chance de connaitre un bon nombres d’années : Marcelle Gourmand née Bagaïni a perdu durant la guerre son beau frère : Paul Gourmand fusillé sur la commune de Lavancia-Epercy et son frère : Jean Bagaïni et qui faisait quant à lui parti des maquisards du Jura, groupement de l’armée secrète (AS) « Vauthier », groupe « Pierre ».
Autrement dit, ma grand mère maternelle a donc perdu ses 2 oncles durant la guerre.
C’était donc une évidence… Ce trail s’est imposé à moi de manière naturelle, je devais le faire, j’avais envie de le faire. Il faut dire aussi que les organisateurs et leurs partenaires ont fait un bon travail de communication pour l’évènement. On attend de voir la deuxième édition sans covid.
Concernant le parcours, j’ai tout de suite été attirée par le parcours de 42 km bien que je n’avais jamais fait une telle distance, son profil altimétrique était celui que je trouvais le plus intéressant. Et puis je voulais absolument passer sur le viaduc de Cize Bolozon éclairé pour la première fois aux couleurs nationales.
J’appréhendais vraiment les conditions puisque quasiment tout était une première pour moi : La distance, courir longtemps de nuit et en plus en plein hiver, etc… Et j’avais vraiment très peur de me retrouver seule pendant longtemps, je cours toujours avec Iron (mon chien) et honnêtement dans la forêt de nuit, je flippe, je me fais pleins de films !
Une chose était pourtant claire dans ma tête : INTERDIT D’ABANDONNER surtout sur un trail en mémoire à nos résistants.
Pendant …
Assise dans la navette qui nous emmène au point de départ du 42km D+/-1600m : Corveissiat, j’observe, j’ai du mal à réaliser.
Si un jour on m’avait dit que je voudrais faire de mon plein gré et même payer pour faire Corveissiat > Oyonnax à pieds, de nuit en hiver et le plus rapidement possible je crois que j’aurais dit « jamais de la vie » ou j’aurais baragouiné une réponse sûrement pas très polie .
Cette pensée me fait sourire, me retrouver à Corveissiat pour aller courir de nuit alors que dans le passé j’y venais pour faire la fête à ne plus pouvoir compter le nombre de vodka que j’avalais…. Tout ce chemin parcouru c’est grâce à l’adoption de mon Iron (mon chien).
Je n’ai jamais fait de trail si gros dans tous les sens du terme (distance et événement). Moi qui suis habituée aux petits trails de village là je passe un cap (si encore j’arrive à le passer). Mon objectif est de finir, peu importe si j’ai un rythme de touriste, je franchirais la ligne d’arrivée.
On déboule à la salle des fêtes, la dernière fois que je suis venue ici c’était pour les 18 ans de Grenouille, il y a environ 12ans … Les 2 premiers du 80km sont déjà passés !
La base de vie de Corveissiat est je pense pas très bien agencée, heureusement que nous ne sommes pas beaucoup à prendre le départ de cette première édition…
21h45 : On nous fait sortir de la salle pour rejoindre la ligne de départ, vite ça caille ! On se plaint du froid mais franchement les conditions météo sont vraiment bonnes pour la saison. Gros speech, chanson des partisans et enfin c’est le départ !

Il y a une super ambiance dans le village, c’est génial ! Je prends un rythme lent, je pars toujours dans les derniers. Les premiers kilomètres se passent bien.
22h38 : Pointage au viaduc de Cize Bolozon
Je m’arrête avant le viaduc pour le prendre en photo, en presque 32 ans c’est la première fois que je le vois si beau, illuminé de nos couleurs nationales. Merci Ain Loc Event d’avoir relevé le défi de l’éclairage (le viaduc n’est pas alimenté en électricité).
Je suis désolée pour la qualité de la photo mais j’avais que mon téléphone, je ne fais encore pas de trail avec mon reflex. ? Il est possible d’en trouver d’autres sur internet et notamment sur Facebook.

L’ambiance lors de la traversée est juste dingue, il y a beaucoup de monde, je ralentis je filme toute la traversée, même si c’est flou, je m’en fiche c’est un instant de dingue et clairement je savoure.
C’est un honneur de traverser le viaduc sous sa belle parure de lumière. Même la ligne d’arrivée ne m’a pas fait autant d’effet ! (à lire plus loin)
Sortie du viaduc y a une courte montée bien merdique ! C’est ça qui est bon !

Maintenant que j’ai vu ce que ce que je voulais absolument voir j’ai peur de trouver le temps long jusqu’à l’arrivée mais je sais qu’à partir de là je rentre dans le vif du sujet.
On attaque les montées, je prends mon rythme que je trouve plutôt bon, je double pas mal de monde, je ne sais plus à quel instant précisément mais il y a un moment où ça me fait même un peu peur car il faut tenir jusqu’à la fin.
Je regarde peu ma montre et franchement le temps passe vite, le mental va bien, je me prépare au coup fatal qui ne viendra finalement pas.
Reconstitution des camps de maquisards par l’association Cristal 7 du maquis de l’Ain au 6eme BCA, merci à tous les bénévoles qui se sont pour certains caillés toute la nuit pour nous !
Moment immortalisé par Gilles Reboisson – we are media makers.


00h13 : Pointage de Granges : je gagne 30 places dont 9 sur le classement féminin
Je bois un peu et repars, je sais qu’une cote de 2km nous attends, je profite du plat sur goudron pour manger des barres de céréales pour faire remonter le taux de sucre.
La montée se profile, je prends mon rythme de randonneuse et c’est parti !
Après la montée, j’ai quelques coup de mou physique alors j’en profite pour manger du beef jerky et des tranches de rosettes. Je suis partie avec une tonne de bouffe, à croire que je partais en expédition, j’étais prête à y passer toute la nuit ?. Le mental quant à lui est toujours bon, hallucinant, je n’ai aucun doute je sais que j’irais au bout.
Dans les descentes je me lâche même si ma frontale n’éclaire pas grand chose, je m’en fiche, je trace. Je sais que c’est là où je peux grapiller le plus de temps, avec des Evadict XT7 neuves au pied, la boue ne me fait clairement pas peur et quand je vois les autres glisser, je suis bien contente d’avoir fait ce choix.
Avant le ravito d’Izernore, le goudron me semble durer une éternité. Il est où ce putain de ravito, ça doit faire au moins 2 km que je ne pense qu’à boire du Coca et de la menthe à l’eau…. Je me limite « fortement » en eau sinon je vomis.
On arrive enfin au ravito, j’entends râler parce qu’il faut monter des escaliers. Quand je vois l’état du sol, perso je plains la personne qui fera le ménage !
Il est 2h19 quand je regarde ma montre au ravito. Sérieux ?! Putain, je n’ai jamais fait 30 km aussi rapide (en même temps c’est que ma 3eme fois), bon il y a surement moins de D+ mais je suis contente.
02h21 : Pointage sortie de ravito d’Izernore : je gagne 10 places dont 1 sur le classement féminin
Je repars avec le Parisien, on reste un moment ensemble, il a oublié la batterie de rechange pour sa frontale et moi elle est annoncée tenir 2h00 et ça fait plus de 4h00 que je suis partie sans prendre le temps de changer les piles, elle n’éclaire pas grand chose mais j’ai trop la flemme de changer les piles.
C’est plat, c’est chiant, en plus je pensais que depuis le dernier ravito il ne restait que 10km sauf que non… il restait plus. ça m’a fout un petit coup au moral que je chasse vite mais mon cerveau commence à livrer bataille contre mon corps et oscille entre « marche/court ».
En tout cas Paul est plutôt cool pour un Parisien ! Comme quoi ils ne sont pas tous des cons aigris ?
On se fait doubler, je lui dit d’aller recoller devant, chose qu’il fera un peu plus tard. Contente pour lui car je ne le vois plus, je sais qu’il a réussi à reprendre plus de rythme.
Clairement je me suis surestimée en me disant que je ferais les 5 derniers km au rythme d’un trail de 15km (l’espoir fait vivre?). Depuis le ravitaillement c’est quand même un peu difficile physiquement, heureusement que le mental est là mais je suis un peu fainéante … J’ai tendance à avoir une retenue, ne pas me mettre trop dans le rouge chose que j’aimerais bien arriver à changer !
Je regarde ma montre, et je vois que si je m’active et que je ne perds pas en rythme, je peux probablement passer la ligne d’arrivée en moins de 6heures, je suis assez satisfaite et je me raccroche à cet objectif.
On arrive sur Oyonnax, je ne sais pas où on retombe et là c’est la douche froide quand je vois qu’on est vers Peugeot. Je n’ai pas pu retenir le « oh les batards ! » car clairement je pensais retombée vers l’hôpital et ne faire quasiment que de la descente, là il y a surement un bon kilomètre de plat sur du goudron.
Je déteste le plat mais vraiment, je suis grave nulle sur le plat, c’est pour ça que je prends les profils altimétriques les plus en dent de scie possible. Et là c’est encore pire parce que c’est du goudron.
J’alterne entre courir et marcher, j’ai vraiment de plus en plus la flemme malgré que la ligne d’arrivée soit toute proche.
03h57 : Ligne d’arrivée à Oyonnax : je perds une place sur le classement général

J’ai une sale tête sur la photo mais je l’ai pris quand même parce que j’ai un semblant de sourire.
Je passe la ligne d’arrivée en 5h56 à part la dernière heure c’est vraiment passé très vite ! Je suis satisfaite.
Moi qui pensais passer la ligne empreinte d’émotions bah en fait non… Je me sens « perdue », je ne me rends pas compte que ça y est c’est fini… (L’euphorie est arrivée le lendemain).
Je vais au ravito d’arrivée, j’avale presque cul sec un coca et là c’est le drame, j’ai bu trop vite – Vomito ?prend possession de mon corps ! Je me barre vite chez moi pour éviter de vomir dans Valexpo…
Je n’ai même pas pu aller voir le Parisien que j’ai heureusement retrouvé sur le réseaux sociaux pour le remercier de ce moment partagé.
Ma tête le lendemain avec le béret finisher … On dirait que j’ai pris une cuite ! ?

Après, en conclusion …
Finalement on a eu une super météo. Le mental a été bon, dans l’ensemble tout s’est très bien passé.
1- Cet évènement était vraiment bien ! Le passage sur le viaduc était génial avec une super ambiance. La reconstitution et l’animation des camps était aussi très sympa même si on ne s’arrêtait pas…
2- Il n’y a pas de « réussite » sans « plaisir » !
On peut me dire ce qu’on veut, quand on fait les choses avec envie ça se passe toujours mieux ! Le mental est hyper important et si on est dans le positif tout ira pour le mieux.
3- Je suis incapable de suivre une ligne de conduite que ce soit en entrainement ou en nutrition.
WTF tout au talent (encore faut-il en avoir la capacité et ne pas chercher à faire un résultat).
J’aime le fromage, la bière et le saucisson ! Et les plan d’entrainement ça va 2 semaines mais ensuite c’est chiant !
4 – Les Parisiens ne sont pas tous cons et aigris ?
Je suis allée une fois à St Cloud pour un déplacement pro. Franchement tout le monde tirait la tronche dans les transports en commun… Au point que je m’étais retenue de rire. ?
Voilà, à l’année prochaine !